1- Son voyage est organisé en fonction des courses locales
Lorsque vous avez validé la destination des vacances avec votre pote runner, vous pensiez que celle-ci avait été choisie en fonction de l'ensoleillement, de la proximité de la plage, des sites touristiques et des musées. Sur ce coup, vous avez fait preuve de la plus grande naïveté. Oui car pour un accro à la course à pied, le choix des vacances est toujours dicté par le calendrier des courses locales ou par les
itinéraires de trail running proches de votre point de chute.
Ne soyez pas étonné si à peine grimper dans l'avion, il vous annonce avoir pris un dossard pour le semi marathon de la ville touristique en question. Les visites de lieux touristiques et autres points d'intérêts à ne pas manquer, ce sera lors des éventuels jours de récupération… ou pas.
2- Les soirées : en mode Cendrillon, version chaussures de course
Vous rêvez de dîners animés, de verres en terrasse ou encore de discussions qui s'éternisent sous un ciel étoilé. Avec un runner comme binôme de vacances, c'est fichu. Son truc, c'est de se coucher tôt et ce n'est pas une option, mais la règle d'or pour garantir la performance.
Le dessert (protéiné) à peine ingurgité, c'est direction les bras de morphée pour une nuit réparatrice et recharge des batteries pour une sortie longue aux premières lueurs du soleil.
3- Sa journée est déjà faite lorsque vous vous réveillez
Vous voyez poindre les premières lueurs matinales au travers des stores de la fenêtre de votre mobil-home. Vous luttez pour ouvrir les yeux et potentiellement émerger de votre lit afin d'humer l'odeur du café. Mais au réveil, vous vous apercevez que votre runner s'étire sur la terrasse, qu'il a déjà couru la bagatelle de 10, 15, voire 20 kilomètres. Que la suite de son programme consiste en une
séance de gainage, puis de l'analyse de sa sortie sur Strava pour voir s'il est devenu local legend d'un segment ou s'il est devenu KOM.
Mais avant cela, vous allez devoir écouter religieusement (et avec l'odeur de sa transpiration) le compte-rendu de sa sortie qu'il se fera un malin plaisir de vous détailler avec un sourire radieux et une énergie débordante. Ne vous laissez pas embobiner, n'y montrez pas le moindre intérêt ! Dès le lendemain, il risque de vous convaincre de vous lever aux aurores pour vous initier tel un gourou aux joies des sorties matinales et faire de vous un nouvel adepte de la secte des runners.
4- La plage n'est rien d'autre qu'un nouveau terrain de jeux
Tranquillement allongé au soleil, les talons plantés dans le sable, le délicat clapotis des vagues et le chant des mouettes dans les esgourdes, c'est comme ça que vous envisagez vos après-midi à la plage. Que nenni ! Pour lui, pas de draps de bain, ni de sieste ou encore de sirotage de cocktails en regardant la mer.
Son trip, c'est de courir torse poil, en caleçon de bain, pied nu le long de la plage. Tantôt sur le sable dur, tantôt sur le sable mou pour tester de nouvelles surfaces et sensations en course à pied. Très peu pour lui les siestes, la farniente ou la lecture de romans. Au mieux, ce sera une séance de renforcement musculaire au beau milieu des vacanciers en maillots de bain. S'il consent à feuilleter un bouquin, soyez sûr que ce sera Jogging International ou Running Attitude.
5- Vous n'allez pas apprécier son programme touristique
Vous aviez un programme de visites en tête ? Oubliez les excursions en catamaran (sauf s'il est triathlète), la découverte de monuments historiques incontournables. C'est clair que c'est la topographie locale qui l'intéresse au plus haut point. Son objectif est d'explorer chaque sentier et le transformer en opportunité d'itinéraire de trail. Pour lui, pas question de flâner en centre-ville ou d'y déguster une glace artisanale. Dans sa tête, il a déjà repéré les montées qui cassent les jambes, les escaliers et les ruelles tranquilles. Il s'est déjà constitué une boucle urbaine à tester dès le lendemain en
allure d'endurance fondamentale (dans le meilleur des cas).
6- Faire les courses et gérer les repas va être une grosse galère
Dîner au restaurant pour découvrir les spécialités régionales, pas la peine d'y songer. Repas gourmands et dégustation de produits locaux ? En rêve ! Le runner en vacances va vous remplir le frigo de barres énergétiques, de boissons isotoniques aux couleurs plus qu'improbables. Son kif, pour être au top et faire le plein de protéines. C'est flocons d'avoine, fruits secs, oeufs durs à tous les repas (attention aux dommages collatéraux) et banane avant chacune des sorties quotidiennes.
Oui chaque repas sera une énigme, celle de résoudre une équation complexe afin de trouver le meilleur ratio entre glucides, lipides et protéines (oui encore elles). S'il vous surprend à manger une glace ou siroter un cocktail, c'est la leçon de morale assurée.
Au fait ! À table, bon courage. Le thème principal des conversations tournera autour de la
récupération musculaire, des micro-traumatismes ou encore de
l'importance de l'hydratation en course à pied. Sur ce, bon appétit !
7- Vous allez détester son look et ses “tenues vestimentaires”
Sachez-le tout de suite, il ne fera pas l'effort de respecter le dress code des soirées à thème de votre club de vacances. Les tenues estivales ou élégantes n'ont pas de place dans sa valise. Dans celle-ci se trouve une large panoplie de débardeurs fluos, shorts techniques, veste running et tee-shirts aborants les noms des courses auxquelles il a participé. Le look parfait pour les promenades de soirées en ville. Car oui, ses tenues de running, ils les portent même en dehors de ses escapades de course à pied. Sympa le tee-shirt “Les 20km de Maroilles 1997” !
La terrasse du mobilhome ou le balcon de votre chambre se transformera en étendoir géant pour ses vêtements techniques bariolés.
8- 1001 paires de chaussures, mais aucune que vous auriez aimé voir à ses pieds
Eh oui, votre runner va très certainement se pointer avec une valise 100% consacrée aux chaussures. Cependant, parmi les 14 paires qu'il aura pris soin d'emmener, il y en a 4 pour la route (avec différents amortis), 3 pour chemins et sentiers, 5 pour le trail et 2 pour optimiser sa récupération.
Ce qui est certain, c'est qu'il n'y en a aucune pour les simples marches en ville, les visites culturelles ou les soirées élégantes.
9- Ses photos de vacances : des selfies en plein effort
Vous pensiez faire de belles photos devant de superbes panoramas ou monuments avec votre pote ou compagnon runner ? Lui, son truc c'est les selfies en sueur et en train de courir. Selfies sur lesquels sa montre GPS affiche clairement la distance parcourue et son allure moyenne. Pas besoin de lui demander de voir ses photos de vacances, vous n'aurez qu'à scroller sur son mur Facebook ou sur les groupes de running des réseaux sociaux pour les découvrir.
10- Votre sport quotidien : la course à la prise
Pour recharger votre smartphone ou votre liseuse, jouez-là stratégique. Oui car le runner a fâcheuse tendance à s'accaparer toutes les prises électriques et ports USB. Pour lui, il est vital de recharger les batteries de ses gadgets et appareils de course.
Oui car la panoplie est large et pas question de passer en mode éco !
Montre GPS de running, téléphone, écouteurs intra-auriculaire ou à conduction osseuse, lampe frontale (on ne sait jamais), capteur de puissance, caméra sport (pour filmer ses exploits), électrostimulateur (si, si !), pistolet de massage et autres matériels de récupération sportive.. Chaque appareil électronique nécessite son chargeur spécifique et bien entendu une prise. Les fils qui serpentent au quatre coin du logement de vacances transformé en station de recharge, ce sera votre quotidien. Préparez-vous pour la course à celui ou celle qui branchera le premier. Car sachez-le, une montre non rechargée, c'est une sortie running gâchée et le drame assuré pour le runner.
Alors ? Toujours partant pour des vacances avec un runner ?
Vous tenez absolument à vos vacances et à votre santé mentale ? À moins de partager sa passion, franchement laissez le fan de running à la maison ou en compagnie de ses congénères (ils sont des millions en France). Vous pourrez alors vivre votre séjour comme vous l'entendez, c'est-à-dire farniente, siestes et glaces sans culpabilité. À moins que vous aussi, vous ne succombez à l'appel du trail-running, car c'est hyper contagieux.