Pas de récit de course sans une petite mais indispensable présentation de celle-ci. Avant la guerre de 14-18, les Gyvenchissois élevaient des chèvres, on les appelait les “mieux d'maguettes”, les mangeurs de chèvres. C'est en l'honneur de ces habitants, mais également des soldats Canadiens tombés pendant la 1ère guerre mondiale que les Mingeux de Maguettes organisent notamment cet événement. D'ailleurs l'emblème des Mingeux de Maguettes est une tête de chèvre sur un fond de feuille d'érable.
Au programme de cette 11ème édition, les deux principales épreuves sont un trail de 8km “la Pinchonvalles” (nom du terril) et un second de 18km qui s'intitule “la Byng Boys” avec un petit D+ de 300m. Les traileurs de la région et alentours ont répondu présent, 2100 dossards ont trouvé preneurs.
C'est quelques jours avant la course, convaincu par mes compagnons de course du Running' Group que j'ai décidé de prendre le départ du Trail des Mingeux d'Maguettes à Givenchy dans le Pas-de-Calais. Même pas peur, j'opte pour le 18k sans aucune prétention de classement, ni de chrono. Alors que lors de mon
Trail du Patois à Olhain, je m'initiais à l'art du trail, c'est la fleur au fusil que j'entreprends de me rendre sur les terres des Mingeux de Maguettes.
Trail des Mingeux d'Maguettes compte rendu de course
Le départ est annoncé pour 10h, c'est à 7 heures que je m'extirpe des bras de Morphée pour rejoindre salle de bain, puis table du traditionnel p'tit dej d'avant course. 8h15, harnaché en trailer (ou presque), j'embarque avec Eric, un partenaire de course. Côté météo, il fait froid avec un léger vent, mais sec. Pas comme la veille ou des trombes d'eau sont tombées dans la région.
Arrivé sur place (ou presque), quelques 600 m nous séparent de la salle de sport où sont remis les fameux dossards. J'hérite du n° 377, tandis qu'Eric s'aperçoit qu'un homonyme et de surcroît dans la même catégorie est aussi inscrit. Bonne surprise, nous retrouvons d'autres pensionnaires du Running' Group venus aussi défier les terrils et autres terrains accidentés. Le temps passe vite, voilà l'heure est arrivée de rejoindre le SAS de départ. A 15 minutes du “PAN”, pas moyen de se placer en bonne position, c'est à 40 mètres de la ligne que nous parvenons à nous hisser.
Le départ est donné sans que je ne m'en aperçoive, j'adresse un signe à Eric en lui souhaitant une bonne course. C'est au pas que je m'élance, puce électronique au pied. Lorsque je passe la ligne, les premiers trailers sont déjà plusieurs centaines de mètres devant.
Sans prétention avant le départ, mon esprit de compétition me chatouille les baskets, je me mets en tête de boucler l'épreuve en 5 minutes 20 secondes au kilomètre tout en me faisant plaisir. Je ne connais pas le parcours, je ne l'ai même pas étudié, je décide de ne pas partir trop vite. De toute façon il m'est impossible d'allonger la foulée, une marée de jambes humaines m'empêche d'entreprendre quelques manoeuvres que ce soit. Je parviens tout de même à slalomer pour doubler quelques dizaines de coureurs. Le premier kilomètre est terminé en 5 minutes, il est marqué par Annick et son accordéon (merci à elle pour l'animation).
Kilomètre 2, adieu le bitume, bonjour les sentiers boueux (yes !). Pas facile de se frayer un chemin, le sentiers est étroit, 5 minute 26 pour finir celui-ci. Voilà maintenant que nous entrons dans les bois, c'est en effectuant des sauts de cabris et des déhanchements dont j'ai le secret (ou pas) que je réussis à grappiller quelques places à mes camarades de courses. Bonne nouvelle, je ne me laisse pas griser par l'envie d'accélérer, je maintiens le rythme de course que je me suis fixé autour des 5 min au kilo. A cette allure, personne ne me double, je prends même régulièrement des places. Le parcours est magnifique, je profite de la vue, j'alterne entre petits dénivelés positifs et négatifs. Pour l'instant je me dis “pas de grandes difficultés”, malgré un terrain gras et glissant. Mais ça c'était avant "Pinchonvalles le terrible" ! Le kilomètre 6 est passé, virage à gauche, se dresse devant moi un escalier de marches en bois qui mène sur les crètes de Pinchonvalles. Un défilé de trailer en mode marche est devant moi. 40 mètres de D+ en 200m, pas question de se griller, j'imite mes concurrents en pressant tout de même le pas. Là haut mon cardio en a pris un sacré coup, mais je réussis à relancer de belle manière (c'est bon ça !), le 7ème kilo est bouclé en 6 minutes. Le premier ravito arrive, j'attrappe au passage un abricot et une figue (parce que j'aime ça), côté hydratation j'ai emporté la poche à eau. C'est là que je rencontre Jonathan (un ami du Running' Group) qui avait pris de l'avance sur moi.
Jusqu'au kilomètre 10, je profite des paysages en maintenant le cap des 5 minutes au kilomètres, avec une succession de montées et descentes. Jérôme me double et en profite pour m'encourager et m'informe qu'Aurélie sa compagne est derrière. Pour info, Jérôme revient tout juste du grand Trail des Templiers et ses 3540m de D+ sur 76km.
Kilomètre 11 : les choses se corsent,
une côte de plus d'1km se manifeste. Excellente nouvelle, tout va bien pour moi, j'en ai sous le pied (enfin pas trop quand même). Je suis récompensé, le parcours est plutôt clément durant les 2 kilomètres qui suivent. A ce stade, c'est avec les mêmes coureurs que je partage l'expérience du Trail des Mingeux d'Maguettes. Un jeu du chat et de la souris commence avec mes camarades de trail de tous âges. Mon rythme de croisière est bon, jusqu'à ce que j'aperçoive quelques 300m devant un sentier pas hyper pentu, mais drôlement long. Mon moral en prend un coup. Effectivement, on m'avait parlé de 2 principales difficultés, j'ai l'intime conviction qu'il s'agit de la seconde.
Je suis là pour la boue et l'ambiance du trail, c'est avec entrain, en mode Rocky Balboa que je me lance à l'assaut de cette difficulté de pré-fin de parcours. 3 kilomètres où le moral prend le dessus sur les jambes. Si durant toute l'épreuve je suis parvenu à gagner de nombreuses places, j'en perds 3 entre le km 13 et la fin du 16ème kilo. C'est à ce moment là que j'entends une petite voix : “Marsu c'est toi” (oui, c'est mon surnom au Running' Group). C'est Aurélie, la compagne de Jérôme, elle m'a rattrapé, je la félicite, nous faisons la fin du parcours ensemble. Dernière surprise, les 500 derniers mètres sont en légère côte. Un enfant qui me tend la main et avec qui je check m'annonce arrivée dans 200m.
J'accélère la foulée, je double Aurélie. Jérôme tout juste arrivé m'encourage, je lance mon sprint final, je termine en trombe en grillant quelques coureurs. Le chrono de la ligne d'arrivée annonce 1h35 et 15 secondes, je suis ravi de ce temps que je n'espérais pas. Objectif atteint, j'ai terminé les 18km en 5 minutes et 13 secondes au km. J'apprendrai par la suite mon classement 355 sur 1188, 132ème de ma catégorie Vétéran 1. Pas mal à 41 ans et après seulement 1 an et demi de course à pied. Vous vous demandez dans
quelle catégorie vous seriez en course à pied, c'est ici !
Au fait, je tenais à préciser que le parcours était parfaitement fléché, que les signaleurs étaient présents en nombres, tout comme les bénévoles aux différents ravitos (mention spéciale pour la soupe au ravito d'arrivée à la salle de sport) . Bravo à l'association des Mingeux d'Maguettes pour l'organisation et à l'année prochaine !
Auteur : Jeremy